C’est quoi l’éco-conception web
L’éco-conception d’un produit consiste à intégrer l’aspect environnemental lors de sa conception et son cycle de vie : les matières premières nécessaires, la fabrication du produit, le transport, la distribution, l’utilisation et la fin de vie du produit.
L’éco-conception web consiste donc à réduire l’impact environnemental d’un site internet pendant tout son cycle de vie.
Le matériel nécessaire à la conception du site, les ordinateurs, les écrans, tablettes et mobiles ainsi que l’infrastructure informatique représente les matières premières. La conception et le développement du site correspondent à la fabrication. L’hébergement, un poste très énergivore, se rapporte au transport, le choix de l’hébergeur est donc crucial. L’utilisation du site correspond à son usage par les internautes, leur navigation sur les pages. Enfin, la fin de vie s’applique au changement du site, sa refonte ou sa disparition.
Pourquoi éco-concevoir un site ?
La première raison est avant tout écologique. Un site web génère en moyenne 4.61 grammes de CO2 à chaque page consultée. Réduire cette empreinte carbone a évidemment un impact sur notre environnement.
La seconde raison est la qualité de l’expérience apportée aux internautes. L’éco-conception du site passe surtout par l’amélioration de ses performances : améliorer sa bande passante, réduire le nombre de requêtes au serveur, réduire le temps de chargement. Toutes ces optimisations écologiques contribuent à accélérer le site, ce qui améliore l’expérience utilisateur, les conversions et la visibilité sur Google.
Si éco-concevoir le site est favorable à l’UX et au SEO, l’inverse est évidemment vrai. Travailler l’expérience utilisateur et le référencement naturel contribue à rendre le site plus éco-responsable.
Pourquoi le SEO est l’allié de l’éco-conception
L’optimisation technique en SEO, c’est faire la chasse aux pertes de temps et d’énergie. Tout est fait pour permettre aux robots d’indexation de gagner du temps pour aller vers l’essentiel : pagerank sculpting, crawl budget, temps d’analyse…
Toutes ces optimisations permettent aux moteurs de recherche de dépenser moins d’énergie pour explorer et comprendre vos pages. Mais elles ont également un impact sur les performances vertes du site.
Eco-conception et SEO : réduire le temps de chargement des pages
Réduire le temps de chargement des pages, et donc le temps d’affichage, a un fort impact environnemental. Ça tombe bien, Google recommande d’avoir des sites rapides, notamment pour simplifier les usages mobiles.
La mise en place l’an dernier des Core Web Vitals a justement pour objectif de faire entrer le temps d’affichage dans les critères SEO.
Pour réduire ce temps d’affichage, les référenceurs optimisent donc la mise en cache et compressent les fichiers pour en réduire le poids. Ils peuvent aussi réduire les dimensions d’affichage si nécessaire, c’est-à-dire ajuster la dimension d’une image à sa taille d’affichage réelle sur la page (si votre image s’affiche en 200×200 pixels, inutile de la charger en 4000×4000 pixels).
Limites à la vitesse d’affichage
On trouve néanmoins des limites à ces optimisations. Un site rapide n’est pas forcément synonyme d’un site internet écologique.
Le SEO optimise avant tout le temps d’affichage. Et ces optimisations réduisent souvent le poids de la page. Mais pour améliorer le temps d’affichage, on peut être susceptible d’utiliser des techniques comme le lazy loading qui consistent à charger en dernier ce qui ne s’affiche pas immédiatement, en-dessous de la ligne de flottaison, ou charger des contenus tiers en quantité…
Ces techniques n’auront pas d’impact sur l’environnement puisqu’elles donnent seulement l’impression que le site est chargé plus vite qu’il ne l’est vraiment.
Eco-conception et SEO : optimiser le crawl budget
Google favorise les sites qui ne lui font pas perdre de temps. Crawler le web est un gouffre économique pour les moteurs de recherche. Ils apprécient donc que les webmasters réduisent autant que possible le temps qu’ils vont passer à explorer un site.
Ce gain de temps est surtout un gain d’énergie.
Pour réduire ce temps de crawl, les référenceurs s’assurent que le parcourent des robots d’indexation ne rencontrent aucune erreur : suppression des liens vers les erreurs 404, suppression des liens vers des urls redirigées, ainsi que la réduction du temps de chargement que nous avons déjà évoqué.
Google n’aime pas non plus avoir à indexer des contenus qu’il connait déjà. Il le sanctionne en terme de SEO. Ces contenus en double sont néanmoins stockés dans ses bases de données, mobilisant des ressources pour des éléments sans valeur ajouté.
La lutte des référenceurs contre le contenu dupliqué, en particulier la duplication interne au site, vient donc réduire les dépenses énergétiques des moteurs de recherche et l’empreinte carbone généré par le site.
Eco-conception et SEO : la chasse aux pages inutiles
Le contenu est le premier levier SEO. Les référenceurs conseillent toujours d’en ajouter, de créer de nouvelles pages. C’est un point à surveiller pour un site éco-conçu.
Si le contenu est stratégique pour la visibilité du site, il ne s’agit pas de créer du contenu n’importe comment. L’audit sémantique permet d’identifier ce que les internautes recherchent. Le SEO construit une stratégie pour n’avoir que des pages utiles et durables à partir de cet audit. Il ne s’agit pas de créer des contenus à l’envie mais bien de ne créer que ce qui est utile pour améliorer la visibilité du site.
Sachez également qu’un contenu texte sera toujours moins lourd et moins long à charger qu’une image ou une vidéo, même si l’impact sur votre communication ne sera pas le même.
Le référencement naturel fait ainsi la chasse aux pages inutiles. Vous en connaissez tous : des articles de blog pour se féliciter d’un contrat, pour souhaiter de joyeuses fêtes, pour un événement éphémère… Toutes ces pages zombies viennent réduire les performances de crawl. Leur suppression peut booster la visibilité du site.
Leur suppression a bien sûr aussi un impact environnemental puisqu’on réduit le nombre de ressource présente sur le serveur.
La refonte du site est toujours l’occasion de faire le ménage dans les pages inutiles.
Que surveiller pour un référencement responsable
Bien que le SEO soit l’allié de l’éco-conception web, quelques techniques, souvent associées au black-hat, viennent augmenter l’empreinte carbone d’un site.
Réseaux de site (PBN)
Les réseaux de sites ou Private Blog Network (PBN) représentent une technique black-hat (c’est-à-dire réprouvée par Google). Plutôt plébiscitée, cette technique consiste à créer des sites autour de la thématique du site principal afin de profiter d’un linking fort. Ces réseaux de sites peuvent ainsi obtenir de nombreux liens, et notamment des liens de faibles qualités. Le PBN fait ainsi office de rempart contre les sanctions Google.
Comme l’idée consiste à créer de nombreux sites, on multiplie les ressources : hébergements, serveurs, contenus, etc… Evidemment, ce n’est pas adapté à une stratégie d’éco-conception.
Le spam de liens
Autre technique black-hat, le spam de liens consiste à aller déposer des liens vers son site partout où il est possible de le faire : forum, annuaire, commentaires de blog…
Cette technique est à proscrire doublement si vous souhaitez vous engager dans le numérique responsable. D’abord, vous multipliez les liens et donc un crawl intense pour les moteurs de recherche. Ensuite, pour déployer ce genre de technique, vous allez certainement faire appel à des solutions logicielles qui parcourent elles aussi le web à la recherche d’opportunités faciles et au remplissage automatique.
N’oublions pas non plus l’aspect éthique très discutable de cette méthode qui ne pollue pas que l’environnement mais également la vie des propriétaires de sites.
Préférer des moteurs de recherche soucieux de l’environnement
Les référenceurs ont parmi leurs responsabilités celle de diffuser les actualités des moteurs de recherche. Un rôle d’influenceur auprès de leurs proches et de leurs clients. Au SEO donc de conseiller l’usage des moteurs les plus pertinents.
Pour un numérique responsable, les SEO devraient donc conseiller les moteurs de recherche ayant une approche environnementale forte. Problème : il n’en existe aucun.
Autre responsabilité : conseiller sur les usages de la recherche pour la rendre moins gourmande en énergie.
Quels moteurs de recherche éco-responsables
Le SEO assure surtout la visibilité des sites sur Google. Car Google représente 93% des recherches en France, cette position ultra-dominante rend presque inutile de travailler sur les autres moteurs de recherche.
Google a pour objectif d’être entièrement neutre en carbone d’ici 2030. S’il est vrai que la firme déploie de gros moyen pour se rendre plus vert (data center alimenté par l’énergie solaire ou éolienne), la majorité des actions entreprises par Google consistent en compensations : financement de projets de captation de CO2, programme de reforestation, etc. Et la compensation n’est pas la neutralité. Car en parallèle, la consommation d’électricité de la firme ne cesse d’augmenter.
Il existe des moteurs alternatifs aux projets écologiques comme Ecosia, Ecogine ou Lilo. Ecosia utilise ses revenus publicitaires pour replanter des arbres. Ecogine reverse 90% de ses revenus publicitaires à des associations à but environnemental. Lilo finance quant à lui des projets sociaux, environnementaux, éducatifs et éthiques.
Ces moteurs alternatifs présentent le même problème que Google : la compensation n’est pas la neutralité.
Second problème, ces alternatives ne sont pas de véritables moteurs de recherche mais des métamoteurs. C’est-à-dire qu’ils puisent leurs informations auprès des moteurs généralistes. Ainsi, Ecosia et Lilo utilisent les résultats de Bing, Google et Yahoo quand Ecogine est partenaire avec Google France. Ils se basent donc sur les dépenses énergétiques des géants californiens.
Conclusion : il n’existe hélas pas encore de moteur de recherche neutre en carbone.
Quelles actions pour réduire notre empreintes carbones lors de nos recherches web ?
Le rôle de l’internaute est aussi à prendre en compte. Selon les propres calculs de Google, effectuer une recherche sur le moteur émet 0,2 grammes de C02. Un chercheur de Harvard estime cette émission à 7 grammes de CO2 dépensé par recherche. La vérité est peut-être entre ces deux valeurs.
Quelle que soit la valeur réelle de l’émission de carbone, il y a bien une dépense énergétique liée à la recherche de l’internaute. Google annonce traiter 3,5 milliards de requêtes chaque jour, même si on le multiplie par l’estimation d’émission de CO2 la plus basse (0,2g / recherche), l’empreinte carbone est considérable. Il faut donc éduquer les internautes pour limiter ces dépenses.
Voici quelques actions à notre disposition :
- Limiter son utilisation des assistants vocaux (Google Home, Alexa…)
- Taper directement l’adresse du site que l’on veut voir plutôt que rechercher son nom sur Google : en moyenne, cela consomme 35% d’énergie en moins.
- Se laisser guider par les recherches d’auto-complétion : elles réduiraient de 14% l’empreinte carbone de la recherche
- Utiliser le thème sombre des moteurs de recherche permettrait de réduire de 3% l’impact carbone. Mais attention, cela peut provoquer une fatigue oculaire.
- Sur mobile, préférez les requêtes courtes qui usent moins la batterie de votre téléphone
- Sur mobile encore, désactivez les widgets que vous n’utilisez pas. Vous économiserez entre 48% et 52% de batterie.
Aller plus loin en éco-conception web
Que l’on soit préoccupé ou non par l’empreinte carbone de son site web, travailler le référencement naturel ou l’expérience utilisateur est le premier pas vers l’éco-conception. Néanmoins, si le SEO est un allié, il ne devrait pas faire office de correcteur d’erreurs techniques lors de la conception du site.
Seule une vraie démarche d’éco-conception web aura un impact réel sur votre empreinte carbone. Il y a trop de facteurs qui viennent alourdir cette empreinte pour se concentrer uniquement sur les moteurs de recherche et la vitesse du site. L’hébergement représente certainement la première des problématiques à résoudre pour un numérique responsable.